Et si votre bouche était aussi unique que vos empreintes digitales ? Au cours des dernières années, les scientifiques ont appris à mieux connaître les mille milliards de bactéries qui peuplent notre organisme.
Une équipe suggère aujourd'hui qu'elles varieraient en fonction de l'ethnie. Si les bactéries sont souvent associées à des maladies, certaines peuvent être tout à fait bénéfiques. Le corps humain est d'ailleurs littéralement rempli et recouvert de milliards de bactéries regroupées sous le nom de microbiote. Cet ensemble de micro-organismes est particulièrement présent notamment dans les intestins ou sur la peau.
Or, ce microbiote joue un rôle crucial dans les processus organiques et le maintien d'une bonne santé. En effet, ce petit monde permet de limiter les infections en entrant en compétition avec les germes pathogènes. Si cet ensemble de bactéries est perturbé, cela peut donc conduire à l'apparition de certaines troubles voire de maladies. Néanmoins, le nombre de "bonnes bactéries" comme les espèces présentes varient d'un individu à l'autre. Autrement dit, si ces bactéries essentielles, le corps a aussi son mot à dire quant aux espèces qui sont autorisées à prospérer à l'intérieur de l'organisme. Et ceci serait en partie gérer par la génétique. C'est ce que viennent de démontrer une nouvelle fois des scientifiques de l'université d'état de l'Ohio qui ont analysé les différentes bactéries vivant dans la bouche (dans la salive, sur la surface des dents ou sous les gencives) de 192 volontaires.
Des différences flagrantes
Après avoir prélevé des échantillons dans la bouche de chaque participant, les chercheurs ont séquencé l'ADN de chaque bactérie présente. Ils ont ainsi détecté 398 espèces de bactéries différentes chez les 192 volontaires alors que la bouche de chacun contenait en moyenne 149 espèces de bactéries. Plus intéressant encore, les résultats ont montré une diversité très prononcée entre les individus. En effet, seules huit espèces de bactéries étaient présentes chez tous les volontaires. "Aucune des 192 personnes n'était pareille. C'est une véritable empreinte digitale", précise Purnima Kumar, auteur principal de l'étude, repris par le Smithsonian Mag. Toutefois, cette diversité n'est pas totalement hasardeuse. Elle serait notamment liée au groupe ethnique des volontaires. En effet, les membres de chacun des quatre groupes ethniques représentés (décrits eux-même comme Caucasiens, Afro-Américains, Chinois ou Latino) semblaient posséder des espèces de bactéries similaires, surtout au niveau des gencives.
Un environnement peu influent
En comptant les différentes variétés au niveau des gencives, les scientifiques ont pu développer un modèle capable de déterminer l'ethnicité d'une personne. Dans 62% des cas, le modèle s'est avéré juste. Certains groupes de personnes étaient, toutefois, plus faciles à identifier grâce aux bactéries. Le modèle est ainsi capable d'identifier les Latinos dans 67% des cas et les Afro-Américains dans 100% des cas. Les chercheurs soulignent que ces variations liées à l'ethnie sont dues aux gènes et non pas à l'environnement, contrairement à ce qu'ils pensaient au départ. En effet, ils s'attendaient à ce que le microbiote soit totalement dépendant des conditions de vie. Ils pensaient notamment que les membres d'un même groupe ethnique posséderaient différents mélanges de bactéries selon que leur famille est présente ou non depuis de nombreuses générations aux Etats-Unis. Mais cela n'a pas été le cas. À l'inverse, l'environnement des personnes n'a pas semblé avoir de relation avec les espèces de bactéries dans leur bouche. Mais, l'ethnicité et les similarités génétiques correspondaient souvent à un microbiote proche.
Des traitements adaptés à chacun ? À l'origine, l'objectif de cette étude était de déterminer les caractéristiques bactériennes partagées par les personnes avec une bonne hygiène buccale. Mais lorsque les chercheurs ont analysé les données, ce sont surtout les similarités ethniques qui leur ont sauté aux yeux. Et bien que les échantillons proviennent de toutes les régions de la bouche, les bactéries présentent sur les gencives possédaient une plus forte relation avec l'ethnicité et la génétique. D'après les chercheurs, ceci pourrait être dû au fait qu'elles sont moins touchées par les facteurs environnementaux comme le régime alimentaire ou la cigarette. Ces résultats pourraient améliorer les traitements pour la santé buccale, en aboutissant à des traitements adaptés à chaque patient.
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