Des criminels violents dont l'évaluation psychologique conclut à la psychopathie présentent plusieurs anomalies dans leur développement cérébral, dont un volume neuronal plus faible dans des zones associées aux émotions et au raisonnement moral, selon une étude québécoise publiée dans la revue Archives of General Psychiatry.
« Nous avons amorcé ces travaux à la suite de deux constats: les comportements violents débutent très tôt dans l'enfance et la réhabilitation ne réussit pas toujours à réduire l'agressivité », explique Sheilagh Hodgins de l'Université de Montréal.
« Il existe deux profils de personnalité violente: il y a le jeune qui se sent menacé et qui réagit de façon impulsive et celui qui exerce une violence délibérée et manipulatrice. Les deux profils risquent d'engendrer une personnalité antisociale, mais ceux qui se classent dans la seconde catégorie sont à risque d'être atteint du syndrome de la psychopathie, caractérisé par un manque d'empathie et de remords. » 20 % des détenus des pénitenciers entreraient dans cette dernière catégorie.
Sheilagh Hodgins et ses collègues ont soumis à l'imagerie cérébrale deux groupes de criminels violents composés respectivement de contrevenants psychopathes et de contrevenants sans syndrome de psychopathie et un troisième groupe témoin, formé de personnes sans antécédent de violence. Les participants, tous des hommes, étaient âgés de 20 à 50 ans.
Le cerveau des psychopathes différait de celui des deux autres groupes par un plus faible volume de matière grise dans le cortex préfrontal antérieur et dans des zones des lobes temporaux. Un volume plus faible indique moins de neurones (cellules nerveuses).
C'est la première fois, souligne la chercheuse que de telles différences sont notées entre sujets violents avec et sans psychopathie.
Liées au système limbique, les zones concernées jouent un rôle dans l'empathie, le raisonnement moral et les mécanismes d'inhibition comme le sentiment de culpabilité. Les anomalies observées pourraient entraîner un déficit dans l'acquisition de ces habiletés prosociales et conduire à la psychopathie ou du moins à son maintien.
Ces résultats renforcent ceux de travaux précédents menés avec des garçons violents âgés de 10 à 13 ans et présentant des tendances psychopathiques. En comparaison d'enfants non violents, ils avaient une concentration de matière blanche plus faible dans le lobe frontal supérieur droit, dans une zone du lobe frontal droit et dans une zone du système limbique.
La matière blanche désigne les axones des neurones et il est connu que les axones continuent de se développer jusqu'à l'âge adulte, processus qui semble être perturbé chez les garçons qui tendraient vers la psychopathie.
Ces résultats confirme l'importance de distinguer les deux catégories de comportements antisociaux dès le jeune âge afin d'élaborer des modes d'intervention adaptés à chaque cas, souligne la chercheuse. « ... ce qui fonctionne avec un groupe ne fonctionnera pas avec l'autre. Il faut aussi savoir que la prédisposition à la violence est là depuis longtemps et que les comportements seront difficiles à changer ».
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