Grâce à l'analyse chimique de roches du Groenland, vieilles de 3,4 milliards d'années, une équipe franco-danoise montre qu'à son origine, la Terre aurait bien été constituée d'un océan de magma en fusion, qui aurait perduré, pendant plus longtemps que prévu. Il y a 4,58 milliards d'années, la Terre se serait formée par "accrétion" (agglomération) de matériaux présents dans le système solaire. Mais la chaleur produite par ce processus et par la décomposition d'éléments radioactifs, aurait provoqué la fonte de ces matériaux. Entre 100 et 200 millions d'années plus tard, la Terre était ainsi constituée d'un océan de magma en fusion au centre duquel se serait concentré un noyau métallique. Peu à peu, cet océan se serait refroidi et la croûte terrestre se serait alors formée. Cette cristallisation se serait accompagnée d'une structuration chimique en couches concentriques aux compositions distinctes.
Ce sont justement les traces de ces "inhomogénéités primordiales" qu'une équipe franco-danoise a retrouvé dans les roches d'Isua, dans le sud-ouest du Groenland, explique le CNRS dans un communiqué. En 2003, des chercheurs français avaient déjà observé un excès en Néodyme 142 (un élément chimique clé dans l'étude de la formation terrestre) dans des roches de cette même région. Or, s'ils supposaient que d'autres couches devaient présenter un déficit de ce même élément, il ne s'agissait alors que d'hypothèses. Cette fois, la chose s'est vérifiée et le déficit en Néodyme 142 concerne des roches relativement jeunes, formées près d'un milliard d'années après la cristallisation de l'océan magmatique.
Ainsi, les chercheurs du Laboratoire "Magmas et volcans" (CNRS/Université Blaise Pascal/Institut de recherche pour le développement, Clermont-Ferrand) ont montré que les inhomogénéités primordiales s'étaient maintenues plus longtemps que prévu, comme l'explique l'étude publiée dans la revue Nature. Autrement dit que l'océan de magma en fusion aurait non seulement bien existé mais qu'il aurait perduré plus longtemps que ce qu'on ne pensait jusqu'ici. Néanmoins, les recherches restent à approfondir.
Afin de disposer de données plus globales, les chercheurs comptent donc à présent étudier la composition d'autres roches d'âge similaire affleurant par exemple au Canada, en Afrique du Sud ou en Chine.
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