lundi 3 septembre 2012

Le génome de l'Homme de Denisova livre ses secrets



IRIB- Des chercheurs ont réussi à décoder le génome de l'Homme de Denisova, un homme primitif, qui vivait, il y a entre 1 million et 400.000 ans. Ceci leur a permis de comparer son génome à ceux de Néandertaliens et d'Homo Sapiens.

L'Homme de Denisova livre une nouvelle partie de ses mystères. Dans la revue Science parue jeudi, des chercheurs annoncent en effet être parvenus à fournir un élément de plus au sujet de cet hominidé primitif et pas des moindres : son génome entièrement décodé. C'est à partir d'un échantillon d'ADN microscopique prélevé sur un os vieux d'environ 80.000 ans que les scientifiques ont mené leurs travaux dont ils avaient en vérité déjà annoncé la fin en février dernier. Mais la tâche n'était pas simple dans la mesure où les restes fossiles de l'Homme de Denisova sont extrêmement rares. Aujourd'hui, ils se réduisent à des fragments d'une phalange d'auriculaire appartenant à une fillette d'environ sept ans, découverts en 2010 à proximité d'une dent dans une grotte du sud de la Sibérie. Aussi, pour décoder son génome, Svante Pääbo, de l'Institut Max Planck de Leipzig et son équipe ont inventé une technique leur permettant de démêler la double hélice de l'ADN pour en analyser séparément chacun des brins. Un séquençage tellement précis qu'il a pu être comparé avec celui de onze hommes modernes (Homo sapiens) de différentes parties du monde et celui du Néandertal. "Ce décryptage d'un génome éteint atteint une précision sans précédent", assure ainsi Matthias Meyer, auteur principal de l'étude cité par l'AFP.

Mieux encore, "pour la majorité du génome, nous avons même pu déterminer les différences entre les deux jeux de chromosomes que la fillette denisovienne a hérité de son père d'une part et de sa mère d'autre part", souligne-t-il. Grâce à cela, les scientifiques ont pu constater que la diversité génétique existant chez les Denisoviens était beaucoup plus faible que celle qui existe actuellement chez les humains. Ce phénomène est probablement dû au fait que leur population initiale était restreinte et qu'elle a rapidement augmenté au fur et à mesure qu'elle s'étendait sur une vaste zone géographique, de la Sibérie au Pacifique sud, explique les chercheurs. Du génome denisovien chez certaines populations d'Asie du sud-est D'après les observations décrites, les Denisoviens étaient notamment porteurs de matériel génétique aujourd'hui associé avec une peau sombre, des cheveux bruns et des yeux marrons. "Si les recherches à venir sur le génome du Néandertal montrent que leur population a évolué de manière similaire, il est fort possible qu'une seule et même population ayant quitté l'Afrique ait donné naissance à la fois aux Denisoviens et aux Néandertals", estime Svante Pääbo, pionnier suédois de l'exploration de l'ADN ancien. Grâce à ce nouveau matériel, les chercheurs ont été en mesure de dater la divergence entre les populations de Denisoviens et d'hommes modernes entre 170.000 et 700.000 ans. En outre, ils ont daté la phalange retrouvée en Sibérie à de 74.000 à 82.000 ans.

Mais ce n'est pas tout puisque le décodage du génome a également confirmé que les Denisoviens ont contribué au génome des populations des Mélanésiens, aborigènes australiens et autres habitants actuels des îles d'Asie du sud-est, en particulier chez les Papous de Nouvelle-Guinée. Selon les calculs et les comparaisons faites, 6% du génome des Papous provient de ces hominidés, vraisemblablement par le biais de croisements entre des Denisoviens et des Homo sapiens. On en retrouve aussi des traces chez tous les Eurasiens, mais aucune chez les Africains.

Enfin, l'analyse a également permis aux scientifiques d'identifier quelque 100.000 changements survenus dans le génome humain après la séparation d'avec les Denisoviens. Des observations d'autant plus importantes que certaines de ces modifications affectent les gènes associés aux fonctions cérébrales et au développement du système nerveux. "Ces recherches aideront à comprendre comment les populations humaines modernes ont pu augmenter considérablement leur taille et leur complexité culturelle tandis que les humains archaïques ont fini par décliner puis s'éteindre", relève ainsi M. Pääbo.

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