Manuel Valls n’aime pas trop qu’on l’interroge sur sa participation à des clubs, comme celui du Siècle et de Bilderberg.
Lorsqu’un journaliste l’interroge sur le caractère mondialiste des élites qui s’y réunissent, il use et abuse de techniques que je qualifierais de terroristes, intellectuellement parlant, bien sûr.
Connaissez-vous la technique dite de la “pente glissante” ? Non ? Moi non plus, jusqu’à ce que je lise le Petit cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon, et plus particulièrement le précieux chapitre “L’art de la fourberie mentale et de la manipulation” :
«La pente glissante est un paralogisme qu’on dit de diversion, parce qu’il distrait notre attention du sujet discuté en nous amenant à considérer autre chose – en l’occurrence toute une série d’effets indésirables attribués à un point de départ que défend notre interlocuteur dans un échange. Le raisonnement fallacieux invoqué ici est que si on accepte A, soit le point de départ que prône notre interlocuteur, il s’ensuivra B ; puis C ; puis D ; et ainsi de suite, de conséquence indésirable en conséquence indésirable, jusqu’à quelque chose de particulièrement terrible. L’argument, bien entendu, est destiné à prouver qu’on ne doit pas accepter A».
C’est exactement la technique utilisée par Manuel Valls, à l’encontre des journalistes de We Are Change Paris, venus l’interroger à l’occasion d’une séance de dédicace l’année dernière. Ne souhaitant pas répondre à une question qui le dérange, sur le caractère essentiellement mondialiste des élites qui se réunissent dans ces clubs très fermés, Manuel Valls dévale, à grande enjambée, une pente aussi glissante que malhonnête intellectuellement.
C’est ainsi que les journalistes se verront, à leur plus grand étonnement, assimilés aux tenants de la théorie du complot “judéo-maçonnique”, puis aux “négationnistes du 11 septembre”, et enfin, cerise sur le gâteau, aux “négationnistes de la Shoah”…
Voici la retranscription de cet échange sur-réaliste, avec celui qui est notre actuel ministre de l’intérieur.
We Are Change Paris : Vous avez participé au groupe Bilderberg en 2008 et en 2009 ?
Manuel Valls : Non, une fois seulement.
WACP : En 2008..
MV : Ouai, aboslument. Attendez je signe…
Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
WACP : Qu’est-ce qui est discuté, qu’est-ce qui est débattu…
MV : D’abord, je vous invite les uns et les autres qui vous intéressez à ce sujet à ne pas trop fantasmer sur la réalité de ce pouvoir. J’ai été invité comme le sont des responsables politiques importants (je ne suis pas censé le dire) mais par exemple il y avait Hubert Védrine, et il y avait l’ancien ministre des affaire étrangères vert Joshka Fisher, qui était aussi invité à cette conférence pour écouter, par pour m’exprimer, il y avait le directeur général de El Pais, je crois que c’est un lieu de rencontre entre des intellectuels, des journalistes, des économistes, des politiques, et moi j’étais invité comme un des responsables politiques peut-être en devenir, avec d’autre, pour participer, et pour entendre ce débat, et je trouvais d’ailleurs, c’était le début de la crise, hein… J’ai trouvé ça intéressant ; j’ai pas eu l’impression d’être au cœur d’un vaste complot…
WACP : c’était peut-être en plein pendant la crise, mais ça (le groupe de Bilderberg) existe depuis 1954, et ça regroupe des gens qui sont en fonction, des ministres….
MV : Oui, en fonction, ou plutôt, il y avait Kissinger, j’ai pas l’impression qu’il est en fonction…
WACP : il y a Jean-Claude Trichet et Pascal Lamy, eux, ils sont influents dans leur institution.
MV : oui.. bien sûr…
WACP : Kissinger, Rockfeller et compagnie.
MV : “compagnie”, je ne sais pas ce que ça veut dire, “compagnie”. Mais c’est des lieux, comme il en existe beaucoup, dans des cercles nationaux, dans des cercles internationaux. Si ça donne le sentiment que c’est un pouvoir, de gens qui décident du devenir du monde, je crois qu’on se trompe. Que ce soit les élites internationales se….
WACP : ça en donne bien l’impression en tout cas. Parce que en 2008, par exemple, Hillary Clinton qui avait participé au Bilderberg avec Obama, et le lendemain , elle abandonne sa campagne. Et puis Barack Obama…
MV : oui mais vous savez, les thèses complotistes… Je pense pas que Hillary Clinton (rires) ait abandonné face à Obama à cause de ça… non, non…
WACP : Ce qu’il y a de plus troublant, c’est Herman Van Rompuy qui a été reçu par le Bilderberg cinq jours avant d’être nommé par le conseil européen.
MV : vous êtes jeune (malheureusement, ou heureusement), abandonnez les thèses complotistes. Qu’il y ait une finance internationale, de la spéculation, des gens qui pensent la même chose et de la pensée unique, ça c’est incontestable, ici ou ailleurs. Il n’y a même pas besoin que les gens se réunissent pour qu’on puisse le critiquer. Moi ça m’a intéressé, parce que c’est l’occasion d’écouter des avis aussi très différents, sur des sujets extrêmement… Même s’il y a une règle quand on est invité, c’est de ne pas trop dire ce qu’il s’est passé…
WACP : c’est ça qui attire les soupçons…
MV : oh, oui, peut-être, invitez-les à faire de la transparence. Merci !
WACP : euh, oui, mais de par les fonctions qu’ils occupent, les différents participants sont tout de même capables de mettre en application des décisions qui peuvent avoir été prises sur place.
MV : oui, à titre personnel, je n’ai pas eu le sentiment de vivre ça. Il y avait la Reine d’Espagne, je n’ai pas le sentiment que c’est elle qui dominait de l’avenir de la politique nationale espagnole.
WACP : David Rockfeller, Kissinger, …
MV : mais est-ce qu’ils ont besoin de ça pour compter davantage dans leurs pays ? Honnêtement, non, non…
WACP : disons qu’ils sont déjà influents par le biais des institutions dans lesquelles ils sont, mais en plus de ça, il faut donc qu’ils se retrouvent en secret.
MV : en secret, vachement, parce que il y a des manifestants devant, et que vous m’interrogez (rire).
WACP : avant ce n’était pas médiatisé depuis 1954.
MV : non, mais, ce n’est pas que je ne veux pas vous répondre, mais franchement voilà. Je comprends les critiques qui peuvent être apportées sur telle ou telle institution…
WACP : mais là, ça fait un peu “femme de ménage anti-conspirationniste”, ça fait un peu “circulez, y a rien à voir” !
MV : de qui ?
WACP : de toutes les personnes à qui on peut poser la question.
MV : ah, non, mais moi, je vous réponds très franchement, mais faites attention aux thèses complotistes.
WACP : selon vous, donc, est-ce que ça a une légitimité démocratique, le fait que des journalistes puissent discuter avec des hommes politiques…
MV : une légitimité démocratique ? Je crois que ce n’est absolument pas le but, la démocratie, c’est le choix les citoyens, c’est le peuple, vous ne pouvez pas interdire à des gens de se réunir, comme je ne peux pas vous interdire de me questionner, etc.
WACP : on a bien l’impression que le clivage droite/gauche présenté par les médias, on se paie la tête du bon peuple, si je puis dire… Comme le Club du Siècle par exemple, dont faites partie….
MV : et alors, qu’est-ce que vous voulez dire ?
WACP : des hommes politiques de droite, de gauche…
MV : mais c’est bien !!
WACP : …qui sont essentiellement mondialistes….
MV : aaah, des mondialistes… Au cœur-même du complot judéo-maçonnique !
WACP : …mais vous êtes pour une gouvernance mondiale, si je ne me trompe pas…
MV : et puis il y a même des gens qui expliquent que par exemple les attentats du 11 septembre n’ont pas eu lieu.
WACP : …non, pas qui n’ont pas eu lieu, personne ne dit ça. Qui se posent des question sur la “version officielle”.
MV : ah voilà, nous y sommes, là. Les mêmes qui critiquent le Bilderderg, qui mettent en cause le Siècle…
WACP : …non, ce ne sont pas les mêmes, pas forcément….
MV : non attendez, attendez, mais c’est étrange, les mêmes qui parlent du Bilderberg, les mêmes qui parlent du complot mondialiste, du Siècle, etc. sont les mêmes, comme vous, messieurs, qui posent des questions sur le 11 septembre, donc notre entretien est terminé, parce que…
WACP : … parce que je suis “conspirationniste”, c’est ça ?
MV : non, vous êtes des gens qui se posent des questions qui, malheureusement, sont assez inquiétantes, surtout quand on est aussi jeune que vous.
Et c’est les mêmes qui, ensuite, je vous l’accorde, nient la Shoah.
WACP : ah non, non, non, là c’est faux. Les mêmes personnes qui se réunissent au Bilderberg, ce sont les mêmes pesronnes qui font la promotion d’une idée gouvernance mondiale : Jacques Attali, Herman Van Rom Puy…
MV : …ce sont des doux dingues sympathiques, comme vous…
WACP : je suis un psychopathe ?
MV : non, pas psychopathe, mais quand on nie le 11 Septembre, et quand on nie la Shoah, c’est qu’il y a un vrai problème.
WACP : mais je ne nie pas le 11 septembre, personne ne nie le 11 septembre.
MV : allez, au-revoir ! Bonne fin de journée, et surtout, reprenez vos esprits. Hein ? C’est important…
WACP : n’oubliez pas : la confiance n’exclue pas le contrôle.
MV : non bien sûr, mais si vous aviez été dans la tour du 11 septembre, je pense que vous ne l’auriez pas nié.
WACP : ce sont les familles des victimes qui demandent la réouverture d’une enquête !
MV : oui, je sais, non, mais c’est peut être même le complot judéo-maçonnique…. Allez, au-revoir…
WACP : c’est ça, merci monsieur, c’est gentil, au-revoir…
On notera le malin plaisir qu’éprouve Manuel Valls à se foutre de la gueule du journaliste, et à travers lui, des internautes, donc, des électeurs. Chacun appréciera.
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