Certains produits chimiques favorisent la prise de poids.
L’exposition à certaines substances chimiques courantes contribue à l’augmentation de l’obésité et du diabète dans le monde. C’est la conclusion d’un rapport du CHEM Trust (Fondation Surveillance des produits chimiques, de la santé et de l’environnement) britannique, rendu public mardi 20 mars.
Miquel Porta (Institut de recherche Hospital del Mar, Barcelone) et Duk-Hee Lee (Université nationale Kyungpook, Daegu, Corée du Sud) ont passé en revue plus de 240 publications scientifiques.
"Nos travaux, comme ceux de l’Institut national des sciences de la santé environnementale, aux Etats-Unis, ou du Réseau environnement santé [RES], en France, aboutissent aux mêmes conclusions. Il existe un grand nombre de preuves scientifiques, chez l’animal et dans des études épidémiologiques, d’un lien entre l’exposition aux produits chimiques et l’obésité et, de manière encore plus marquée, le diabète", explique Miquel Porta.
Pour ce spécialiste de santé publique, "ce n’est plus une question de principe de précaution, invitant à la prudence pour le cas où. Il faut prendre en compte la convergence de preuves incontestables de la contribution de ces expositions à ces maladies multifactorielles".
LES SUBSTANCES CHIMIQUES EN CAUSE
Différentes substances chimiques ont ainsi été identifiées comme favorisant le diabète et la prise de poids, en particulier les polluants organiques persistants (POP) comme les dioxines, les PCB et certains pesticides organochlorés.
"Depuis les travaux des années 1990 sur les vétérans de la guerre du Vietnam, on sait que les vieilles dioxines sont diabétogènes. De même pour l’arsenic. La découverte est plus récente dans le cas du bisphénol A, l’un des produits chimiques produits en plus grande quantité dans le monde", indique Miquel Porta.
L’effet diabétogène passerait par une augmentation de la résistance des tissus à l’insuline et un dysfonctionnement des cellules du pancréas produisant cette hormone qui fait baisser le taux de glucose dans le sang.
Le rapport évaluant le lien entre environnement chimique, obésité et diabète publié, mercredi 14 mars, par le Réseau environnement santé allait dans le même sens. "Dans l’approche de l’obésité et du diabète, il est indispensable de prendre en compte la pollution chimique et de ne pas se limiter à l’alimentation et la sédentarité. Cela permettrait de comprendre comment exposer le moins possible à cette pollution chimique les personnes obèses ou diabétiques", affirme André Cicolella, président du RES.
MESURES DE PRÉVENTION
Le RES préconise que la Haute autorité de santé crée un département "Santé environnement" et appelle à prendre des mesures de prévention.
Ce n’est pas tout à fait le chemin qui est suivi. Le plan Ecophyto, adopté dans la foulée du Grenelle de l’environnement, prévoit de réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici à 2018. Pourtant, "entre 2008 et 2010, l’usage des pesticides en France a augmenté de 2,6 % pour les traitements foliaires et de 7 % pour les traitements de semences", s’inquiète l’association France Nature Environnement.
Le Monde.fr | Par Paul Benkimoun
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