Un homme ayant travaillé toute sa vie dans les champs de canne à sucre au Nicaragua est mort à 51 ans. Ses reins avaient lâché, libérant dans son corps nombre de toxines. Rien qui serait sorti de l'ordinaire si cet homme avait été le seul… mais en fait, des études ont démontré qu’à Chichigalpa, la capitale locale de la canne à sucre, un homme sur quatre présente des signes de maladie des reins chronique.
Une mystérieuse épidémie dévaste depuis 2000 la côte pacifique de l’Amérique centrale. 24.000 personnes en sont décédées rien qu’au Salvador et au Nicaragua depuis 11 ans, sans compter les innombrables personnes souffrant de maladies des reins chroniques les obligeant à vivre sous dialyse. Dans ces deux pays, le nombre de morts pour des problèmes rénaux a plus que doublé durant ces 10 ans. Une telle épidémie n’a jamais été observée ailleurs dans le monde, y compris dans les zones directement frontalières avec les pays touchés, du nord du Mexique au canal de Panama. L’an dernier, la ministre de la Santé du Salvador a même appelé à une aide internationale, l’épidémie devenant ingérable pour leur système de santé.
Les pesticides en cause?
Etant donné que la plupart des hommes touchés étaient des travailleurs manuels dans les champs de canne à sucre, les produits chimiques utilisés par les sociétés exploitant ces champs ont rapidement été pointés du doigt comme l’origine du mal. Mais de plus en plus de preuves viennent contredire cette hypothèse, selon le Huffington Post.
C'est le travail qui les a tués, littéralement...
Les racines du mal résideraient dans la nature même de leur travail, en ce compris celui de travailleurs de la construction ou de mineurs de ces pays, jamais exposés aux produits chimiques des champs. La maladie serait le résultat d’un travail sans suffisamment d’eau, heure après heure sous des températures étouffantes, poussant leurs corps dans des pics répétés d’extrême déshydratation et de coups de chaleur… et ça durant des années. Certains de ces travailleurs malades avaient débuté leur carrière à l’âge de 10 ans. Une vie de dur labeur dans des conditions aussi extrêmes serait donc déclencheuse de maladies rénales chroniques, comme celles que causent le diabète et l’hypertension dans nos contrées. C’est la conclusion à laquelle est arrivé le Dr Daniel Brooks, professeur d’épidémiologie à l’Université de Boston.
Aucune autre explication possible
Mais étant donné que les deux conditions précitées (un travail éreintant et une chaleur intense) ne sont pas propres à ces régions d’Amérique centrale, d’autres chercheurs ont continué à étudier des pistes à propos de facteurs humains. Sans grand succès: "Je pense que tout disculpe les pesticides", expliquait le Dr Catharina Wesseling du programme de travail, santé et environnement d’Amérique centrale. La maladie est "trop internationale, trop étendue" pour être due aux pesticides. Le Dr Richard J. Johnson, un spécialiste des reins à l’Université du Colorado, concède qu’il existe "d’autres moyens d’endommager les reins", mais dans ce cas-ci, "les métaux lourds, les produits chimiques, les toxines, tous ont été pris en considération, sans qu’aucun ne se démarque pour expliquer ce qui arrive au Nicaragua."
Une épidémie qui a peut-être touché 3 autres continents
En poussant un peu les recherches, les chercheurs se sont aperçus que plus au sud de ces pays, le long de la côté pacifique, dans les basses terres de culture de la canne à sucre au Costa Rica et au Panama, il y a eu aussi une légère augmentation des maladies rénales. Les Dr Brooks et Johnson ont également eu vent de témoignages provenant de travailleurs dans des zones d’agriculture au Sri Lanka, en Egypte et sur la côte orientale de l'Inde. John Glaser, le cofondateur d’un groupe qui vient en aide aux victimes de cette maladie au Nicaragua, a également vu des rapports faisant état de personnes souffrant de cette même mystérieuse maladie chez les travailleurs des champs de canne à sucre en Australie. Ce qui fait dire au Dr Brook : "On ne sait pas vraiment à quel point cette épidémie est répandue. Elle pourrait bien être sous-estimée"
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