jeudi 5 janvier 2012

Prophéductiques (4)


Dans la confusion de temps, la mise en relation entre le poète et la déesse s’effectue par l’intermédiaire du songe, et je rêve le songe et dans la vision je me trouve dans l’une des Guyanes ou dans l’un des pays de l’Amérique du sud ayant des airs d’Afrique, mais juste des airs...

Le ciel est bleu, le ciel est d’un bleu intense comme les ciels de cette partie du monde, ils peuvent être insolemment bleus, un bleu métallique presque froid. Le soleil étincelle dardant ses rayons à l’oblique de la ville coloniale où je me promène dans ce songe et je rêve.

Je suis dans ces petites rues caractéristiques de ces villes aux maisons de bois, aux maisons colorées où la circulation automobile est retenue, mon appareil photo en bandoulière je chasse l’image, je capture l’instant et je fige l’émotion de cette ville, qui malgré le soleil lumineux qui resplendit, malgré ce ciel bleu, le lieu est froid, la ville est comme sans vie, elle est belle mais elle est glacée, la foule manque.

A mon passage, je m’aperçois que les fenêtres se ferment, je suis comme indésiré, mais j’ai le sentiment d’être épié à travers les battants des persiennes. L’endroit est déserté de sa population, et dans le songe je suis seul à marcher dans cette ville coloniale à la beauté froide.

Je m’inquiète de l’absence de la foule, je cherche du regard les démarches langoureuses et lancinantes de ces femmes si attrayantes, je jette un oeil sur les « lolos » grouillant de vie où les gens s’attardent habituellement, mais rien n’y fait, personne ne répond à mes sollicitudes et pourtant je sens que la ville est populeuse, à croire que la vie s’est repliée dans la sphère privée, dans l’intimité comme si nous étions dans une dictature communiste.

Arrimé à mon rêve je songe, et j’aperçois au loin, dominant les maisons, les cités une croix gigantesque, grandiose, géante qui s’érige dans la ville. La croix est colossale, cyclopéenne, considérable elle impose à tous sa présence, elle domine outrageusement, écrasant la ville de sa magnificence.

Sur la croix un Christ renversé est crucifié, l’image me saisit, je perçois toute la dureté des yeux de ce Christ renversé, son regard interdit, l’œil du diable est sur moi, la bête règne sur cette terre, un culte visible lui est rendu.

Je photographie cette croix au Christ renversé car je veux témoigner au monde sa présence, dire que la Bête est parmi nous, il a entamé son règne sous un soleil éclatant.

Evariste Zéphyrin
Rêve fait Jan 2008.

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