Les nouvelles mesures réalisées sur la vitesse des neutrinos par le groupe de recherche OPERA confortent leurs observations. Ces particules iraient plus vite que la lumière.
Les nouvelles mesures menées par les chercheurs de l’expérience OPERA confirment leurs précédents résultats sur la vitesse de déplacement des neutrinos : ces particules fantômes voyageraient plus vite que la lumière. Annoncés fin septembre, les résultats de cette expérience menée au laboratoire du Gran Sasso, en Italie, ont provoqué étonnement, stupeur et agitation dans la communauté des physiciens. La vitesse de la lumière est en théorie une limite infranchissable, sauf à remettre en question les piliers de la physique, principalement la théorie de la relativité restreinte d’Einstein.
Au sein même du groupe OPERA, une collaboration internationale qui regroupe quelque 160 chercheurs, tout le monde n’était pas d’accord pour rendre publiques des conclusions aussi révolutionnaires. Des sources d’erreurs faussant les calculs auraient pu échapper à l’analyse. Et donner une explication à ces 60 nanosecondes d’avance des neutrinos sur le temps de parcours théorique des photons sur la même distance.
Parmi les critiques méthodologiques émises à l’égard des travaux présentés le 23 septembre par Dario Auterio (Institut de physique nucléaire de Lyon/ CNRS), une concerne l’imprécision sur «l’heure de départ» des neutrinos. Ces particules sont en effet fabriquées au Cern, à la frontière franco-suisse, en bombardant une cible de graphite avec un faisceau de protons, et voyagent jusqu’au détecteur OPERA, à 730 km de là, dans la croûte terrestre.
Pour réduire l’incertitude liée au top départ des neutrinos, de nouvelles mesures ont été réalisées fin octobre début novembre avec des bouffées de protons plus courtes (environ 3 nanosecondes) et séparés de 500 nanosecondes. 20 passages de neutrinos (on dit événement en physique) ont pu être observés. Les résultats sont comparables aux précédents, affirme Dario Autiero. Les neutrinos ont toujours 60 nanosecondes d’avance.
Ces nouveaux résultats viennent compléter les travaux déjà publiés sur le site de partage arXiv.org (qui permet à l’ensemble de la communauté de les examiner). La soumission d’un article à un journal scientifique à comité de lecture (comme Nature ou Science) ne fait toujours pas l’unanimité au sein du groupe OPERA.
Ces mesures supplémentaires ne mettent pas fin aux recherches et au débat. Certains tentent toujours de trouver la faille dans l'analyse qui aboutit à ce dépassement de la vitesse de la lumière. D'autres cherchent des explications au phénomène, d'autres enfin inventent une nouvelle physique..
C.D.
18/11/11
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