mercredi 31 août 2011

Un insecte se régale de maïs OGM conçu pour le combattre



ENVIRONNEMENT - Il n'y a pour l'instant pas de preuve qu'un nombre important de cette chrysomèle a développé une résistance à ce maïs. Mais la crainte que l'utilisation d'OGM accélère la résistance de certains animaux fait de nouveau débat...

Un insecte vorace que combattent depuis longtemps les cultivateurs de maïs en Amérique du Nord se régale d'une variété répandue d'OGM conçue pour aider à éradiquer cette chrysomèle, provoquant des craintes de création d'un nuisible supérieur à la science.
Il n'y a pas de preuves qu'un nombre important de ces chrysomèles aient développé une résistance à la toxine protectrice contenue dans ce maïs. Cependant, des experts estiment que ces insectes résistants, s'ils devaient proliférer, provoqueraient un recours intensif aux pesticides. Selon certains d'entre eux, l'utilisation déraisonnée de certains OGM accélère même le développement d'animaux résistants.
«La chrysomèle des racines du maïs est l'un des insectes nuisibles les mieux implantés aux Etats-Unis et a le potentiel pour devenir un insecte bien implanté en Europe», prévient Michael Gray, agronome de l'université de l'Illinois. Traditionnellement, les agriculteurs combattaient les nuisibles par la rotation des espèces cultivées.

Une résistance qui se transmet de génération en génération

Mais ces insectes ont commencé à pondre sur des graines de soja, et plus seulement sur les cultures de maïs, ce qui leur a permis de rester sur les mêmes champs en permanence, et a contraint à l'utilisation de pesticides. Or ces chrysomèles se sont adaptées et ont commencé à y survivre. Le géant américain des semences Monsanto avait répliqué en livrant en 2003 le premier grain OGM conçu pour se protéger des attaques. En 2009, il représentait 45% des cultures de maïs aux Etats-Unis.
Les premières traces des chrysomèles résistantes sont apparues cette année-là dans des champs de l'Iowa (Nord) largement attaqués. Des recherches ont prouvé que cette résistance était transmise de génération en génération. «Ces résultats montrent que des améliorations dans la gestion de la résistance et une approche plus globale à l'utilisation des semences Bt [Bacillus thuringiensis, la toxine intégrée dans les céréales] pourrait être nécessaire», a écrit un chercheur de l'université d'Iowa State, Aaron Gassmann. M. Gray recherche si celles qui ont dévoré du maïs OGM cette année dans l'Illinois sont également dotées de cette capacité de résistance.

Monsanto prend les résulats au sérieux, mais ne recommande pas de changement

En Iowa, les semences avaient été utilisées au moins trois ans de suite. Et pour M. Gassmann, l'une des raisons de la prolifération des insectes est l'insuffisance des «refuges»: la loi contraint normalement les agriculteurs à cultiver au moins 20% de plantes non modifiées génétiquement dans leurs champs, ce qui doit concentrer les bêtes dans ces secteurs et les empêcher de muter. Monsanto a tâché de faciliter la tâche des agriculteurs en leur vendant des grains mélangés entre OGM et non-OGM. Un porte-parole du groupe, Lee Quarles, signale également que l'agrochimiste a des substituts déjà commercialisés ou en développement.
Selon lui, Monsanto prend les résultats «au sérieux» mais ne recommande pas de changer de semences. «Les produits actuels marchent. Ils continuent à offrir des rendements exceptionnels aux cultivateurs et nous constatons ces rendements sur plus de 99% des surfaces plantées», assure-t-il.
AFP

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire