Plus de 25 ans après l’apparition présumée de la vierge Marie à Nsimalen, à Yaoundé, des milliers de pèlerins continuent de rechercher des signes miraculeux. Une veillée y est organisée mensuellement. Pour de nombreux habitués, « c’est le meilleur endroit pour résoudre ses problèmes ». Pour comprendre ce mystère, une veillée au sein de cette communauté s’impose.
« La grotte mariale de Nsimalen est l’endroit où il faut absolument être chaque nuit du 12 au 13 du mois », fait savoir un pèlerin qui attend impatiemment un véhicule qui va l’amener au site du pèlerinage. Il est 18h30, progressivement le "Carrefour Coron", à Yaoundé, prend de plus en plus l’allure d’un camp de réfugiés improvisé. Debout ou assis, nattes et matelas à la main, de nombreux pèlerins scrutent avec attention l’arrivée d’un car de transport. Quelques minutes plus tard, un véhicule Hiace prévu pour 15 personnes s’immobilise et en quelques secondes est pris d’assaut. Au total 30 pèlerins y prennent place. « Je vous rappelle que la place coûte 500 FCFA », prévient le chauffeur. « Sans problème » lancent en chœur les passagers qui n’ont qu’une seule envie : « partir ». En quelques minutes, plus d’une dizaine de mini bus chargent dans les mêmes conditions. On apprendra plus tard que le trajet ne coûte qu’en réalité 400 FCFA. Un business religieux qui profitent à tous.
Il faudra 1 heure pour contourner les embouteillages et parcourir la vingtaine de km qui sépare Yaoundé à la banlieue de Nsimalen. Sur place, plus d’un millier de fidèles achèvent le chemin de croix entamé quelques heures plutôt. Afin de mieux faire sa pénitence, de nombreux fidèles parcourent à genoux les quelque 500 mètres du sentier de pierre qui comporte les quatorze stations du chemin de croix. Afin d’espérer au bout du compte obtenir « la grâce de celle que l’on appelle ici affectueusement « La mère ». « Je suis arrivée à 7 heures du matin et j’ai effectué à genoux mon chemin de croix, confie une pèlerine. Lorsque tu parviens au sommet de la croix tu ressens une paix intérieure et une présence rassurante qui te dit va et ne pêche plus », poursuit-elle. « Lorsque je faisais mon chemin de croix, arrivée au bout, le prêtre a demandé d’ouvrir son cœur car le seigneur est présent, raconte cette autre pèlerine. J’ai senti d’un seul coup une présence divine et je me suis mise à pleurer car je sentais que la vierge était là ».
Ils sont plus de 2000 pèlerins à parcourir le chemin de croix ce jour-là. « Tous veulent assister ce soir aux signes miraculeux de la vierge, chaque 12 du mois, affirme un habitué des lieux. « La vierge Marie est apparue aux enfants d’ici, le 13 mai 1986 et tous les 12 nous y venons pour veiller et prier ». affirme Sandrine Nyamout, également accoutumée du pèlerinage.
C’est l’heure de la messe. De nombreux chants et invocations, repris chaque fois en cœur par une foule en liesse, sont dédiés à la vierge marie.
Les eaux bénites…
« La recherche d’un miracle ou une guérison à Nsimalen passe aussi par le bain dans la rivière sacrée ou encore le breuvage de cette eau aux vertus miraculeuses », rappelle notre guide. Quelques minutes avant, à 4 heures du matin, sous une température en dessous de 10 degrés, une centaine de pèlerins prennent leur bain dans la source « bénite ». Le tout en faisant des vœux et en chantant des louanges à Dieu. Plus loin, un rang d’une centaine de personne, sceaux et bouteilles à la main, attendent patiemment leur tour pour puiser cette eau « miraculeuse ». « Je suis ici depuis 3h30 et je n’ai pas encore puiser. J’attends mon tour avec impatiente » raconte un pèlerin.
Et vint un signe du ciel !
A l’horizon, le soleil apparaît progressivement. La ferveur est à son comble. Soudain, un groupe de chrétiens interrompt le dernier office religieux de la veillée. « Elle est là ! Elle est arrivée ! » s’exclament-ils. Comme un seul homme, la foule, qui s’était rassemblée dans les tentes, sort aussitôt pour témoigner du « miracle ». Dans le ciel, autour du soleil, qui commence à peine à se faire voir, une grosse nuée se forme comme un tourbillon. Très vite, ce dernier prend une forme quasi humaine et restera au même endroit pendant quelques minutes avant de se déplacer vers l’autel consacré à la vierge, cette fois, sous forme de lumière. « Vous avez vu chers fidèles, notre mère est là ! Elle nous a écouté », clame le célébrant du jour.
Pour de nombreux pèlerins, c’est une nouvelle vie qui commence. « Quoi qu’en pensent les autres, quelque chose d’extraordinaire s’est produit ici », répète un fidèle. Fin du (miracle), il vaut mieux retourner dans les bus, histoire d’avoir une place pour rentrer à Yaoundé. A moins qu’il y ait un autre moyen. Un miracle peut-être ?
Christophe Lele
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