mercredi 3 octobre 2012

La prédiction des Mayas, le monde touche à sa fin ?


D’après cette prédiction qui a fait surface dans le milieu des années 70, et qui est largement relayée par les médias depuis deux ou trois ans, le monde serait bientôt entièrement ravagé par un cataclysme planétaire, l’humanité y connaîtrait l’apocalypse finale et nous n’aurions plus qu’environ 80 jours à vivre…

C’est d’après un simple calendrier maya que cette incroyable histoire digne d’Orson Wells ou d’Howard Philips Lovecraft est devenue l’un des sujets « fantastiques » les plus courus sur les sites internet et autres blogs cherchant à s’attirer une « clientèle » en recherche d’angoisses et de sensations fortes. C’est évidemment aux Etats-Unis que cette théorie loufoque est née en 1975, se développant lentement jusqu’à la fin des années 80. En 2009, après le succès mondial du film catastrophe 2012 lui-même tiré du best-seller de Steven Alten Le Testament maya, la théorie est sortie de son cadre folklorique pour devenir presque une réalité, faites vos prières Mesdames et Messieurs !

C’est ainsi que selon plusieurs enquêtes, notamment une réalisée par l’agence Ipsos qu’un peu plus de 10 % des habitants de notre Terre pensent que la prédiction est réelle et que nous allons donc disparaître un certain 21 décembre 2012. 10 % de l’humanité… une bagatelle de 600 millions de Terriens qui se préparent donc à finir leurs jours le 21 décembre prochain pour le « grand feu d’artifice final ». Cette enquête démontre surtout à quel point l’homme a soif finalement de se faire peur, de se penser en danger, obsédé par sa disparition, un grand enfant qui regarderait un film d’horreur en cachette mais qui serait au fond vraiment effrayé.

En dehors du phénomène social, psychologique et sociologique, la fin du monde il faut le dire a toujours eu un immense succès. L’An mille avait terrifié des populations entières, des prophètes, voyants ou d’autres illuminés s’étaient répandus à travers l’Europe, ils eurent d’ailleurs toujours une bonne place et bon accueil, du moins dans une certaine frange de l’opinion publique. La France n’a point échappé à cet attrait morbide pour la fin de l’humanité. Et nous avons pour ainsi dire notre « produit national », et pas des moindres. Il s’agit de Michel de Nostredame, le fameux Nostradamus qui nous a laissé plusieurs centaines de quatrains. Encore aujourd’hui ils intriguent et des générations de chercheurs plus ou moins farfelus se sont penchées sur ses écrits.

Là encore, des « spécialistes » avertis ont accouché de thèses toujours plus avant-gardistes. Dans les années 80, bien entendu le scénario était celui d’une 3ème Guerre mondiale contre l’épouvantail de l’URSS et du Pacte de Varsovie. Aujourd’hui la confrontation avec le monde musulman aurait la préférence. Chaque époque voit naître de nouveaux spécialistes de Nostradamus qui sans jamais avoir percé son secret (existe-t-il vraiment un secret ?), réécrivent l’histoire future au fur et à mesure que les quatrains sibyllins semblent correspondre même de loin à quelques-unes des allusions du « visionnaire » qu’était Nostradamus. Etrangement, aucun de ces éminents chercheurs, malgré les annonces plus ou moins prudentes de catastrophes et autres pandémies, n’est remis en question par ses lecteurs, inlassablement l’homme revient à sa soif de sensationnel.

Peu importe d’ailleurs notre fin à tous, en témoigne le couturier Paco Rabanne, éternel farfelu qui nous annonçait au moment de l’éclipse de 1999 la chute de la station Mir en plein sur Paris tuant des milliers de personnes, l’homme que le ridicule n’a pas tué, poursuit un parcours normal en surfant toujours avec le paranormal. Le marché de l’Apocalypse, lui poursuit également son chemin, l’éculé Nostradamus ne pouvait résister au charme de l’exotisme de la prédiction des Mayas. C’est qu’il s’agit également d’un gros « business » qui selon les circonstances peut rapporter beaucoup d’argent. Du grigri à l’abri antiatomique, de l’équipement de survie à la pierre protectrice de Bugarach, les marchands de surnaturels sont actuellement dans un âge d’or.

Pour s’en convaincre il n’y a qu’à feuilleter l’un de ces hebdos gratuits où vous trouverez à la page des petites annonces, tout un lot de sorciers et chamans, voyantes et magiciens qui après vous avoir délesté de quelques euros vous apporteront bonheur, amour et richesses aussi facilement que ce fameux calendrier maya nous enverra tous Ad Patres. Il y a toutefois un endroit où les habitants de notre planète, selon une légende probablement franco-française, seront épargnés, Bugarach, un minuscule village de l’Aude… C’est ici selon les croyances véhiculées par Internet que le cataclysme épargnera quelques miraculés. Les Bugarachois, qui étaient au nombre de 189 d’après le recensement de 2007, se passeraient bien d’une telle publicité. Il est probable qu’au soir du 20 décembre, la population du village aura augmenté en flèche !

En effet ces dernières années des cohortes de curieux s’y sont pressées, au point que le lieu a été mis sous surveillance par la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires… Qui eut cru, qu’un simple et banal calendrier maya serait à l’origine de la célébrité d’un paisible village du Languedoc-Roussillon dont les habitants verraient leur tranquillité menacée par la diffusion massive d’informations loufoques sur une éventuelle fin du monde ! Nous nageons en pleine science-fiction, le roman étant toutefois de piètre qualité. En attendant la théorie a encore quelques semaines à vivre, le ciel n’est pas encore prêt à tomber sur notre tête ! Certains ont toutefois déjà pris le virage… en indiquant que le calendrier n’aurait pas été correctement interprété, la fin d’un cycle pour les uns, une erreur de date pour les autres, les mêmes mécanismes que pour l’insondable Nostradamus sont en marche. Il est à parier que nous assisterons à l’arrivée de très nombreux autres produits de ladite prédiction, tandis que ces Américains qui ont construit des abris de survie bourrés de provisions et de systèmes de support-vie pourront toujours se consoler en se disant que la fin du monde cela sera peut-être pour demain… ou après-demain ?

Laurent Brayard

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