Hier, l'équipe de l'astrophysicien Michel Mayor a annoncé la découverte de 50 nouvelles exoplanètes, dont 16 super-Terres rocheuses.
Parmi elles, une se trouverait dans la zone "d'habitabilité" de son étoile, celle où il est possible que l'eau soit sous forme liquide.
Le dessin ci-contre est une vue d'artiste - rien ne permet de dire que l'exoplanète en question HD-85512b - ressemble vraiment à cette simili-Terre avec océans, nuages et continents. Mais cette exoplanète de 3,6 fois la masse de la Terre qui tourne autour d'une étoile (HD-85512) située dans la constellation Vela (des voiles) montre surtout l'espoir des astrophysiciens de parvenir un jour à savoir si des jumelles de la Terre peuplent l'Univers.
Ils savent en tous cas maintenant que des milliards de planètes parsèment notre Galaxie. L'un des résultats majeurs des études de l'équipe de Michel Mayor (Université de Genève, Suisse) est en effet que 40% des étoiles semblables au Soleil ont au moins une planète plus légère que Saturne. Un calcul fondé sur l'observation de 376 étoiles.
Cette annonce a été faite à la conférence sur les Systèmes Solaires Extrêmes au Grand Teton National Park, (Wyoming, Etats-Unis).
L'équipe de Michel Mayor - le premier découvreur d'une exoplanète avec le télescope de l'Observatoire de Haute Provence en 1995 - montre ainsi qu'elle fait toujours la course en tête grâce à la qualité de son traqueur : le spectrographe HARPS, monté sur le télescope de 3,6 mètres du site de La Silla, au Chili, de l'Observatoire Européen Austral (ESO) en photo à droite.
Les deux tiers de toutes les exoplanètes connues et dont la masse est inférieure à celle de Neptune (17 fois la Terre), ont été découverts par HARPS. Et comme cet instrument utilise la méthode des vitesses radiales (le petit changement de la longueur d'onde de la lumière de l'étoile provoqué par l'effet gravitationnel de la planète lorsqu'elle passe devant et derrière par rapport au télescope) il détecte surtout des planètes pas très loin de la Terre et donc plus faciles à étudier en détail par la suite.
Les astrophysiciens ont désormais détecté près de 600 exoplanètes et ce chiffre va grandir très vite avec les télescopes terrestres et spatiaux en activité (lire cette note sur les découvertes du télescope Kepler de la Nasaqui a détecté 1200 candidats exoplanètes à confirmer par des observations plus précises conduites de la Terre).(photo, l'étoile HD 85512).
Comme les exoplanètes les plus massives, brillantes et celles qui tournent le plus près de leur étoile sont aussi les plus faciles à détecter, la plupart sont des géantes gazeuses avec une orbite très différente de Saturne ou Jupiter. Mais, les astrophysiciens parviennent à détecter de plus en plus de planètes rocheuses, baptisées super-Terres dès lors qu'elles affichent une masse d'entre une et dix fois celle de notre planète. HARPS parvient désormais à détecter des exoplanètes seulement deux fois plus massives que la Terre.
Pour savoir si l'une d'elle abrite la vie, il faudra d'autres moyens d'observation, plus puissants, capables de réaliser des observations spectroscopiques très fines de l'atmosphère de ces planètes, afin d'y rechercher des traces chimiques similaires à la notre, comme un excès d'ozone. Parmi les futures cibles de ces observations figureront les exoplanètes rocheuses détectées par l'équipe de Michel Mayor. A droite le schéma montre la zone d'habitabilité de notre Soleil et de l'étoile HD 85512 et la position de la planète HD-85512b, ainsi que celles du système solaire de l'éoitle Gliese 541.
La détection d'exoplanètes va encore s'accélérer. Une copie de HARPS sera installée sur le télescope national Galileo (Italie) dans les îles Canaries, qui observera le ciel de l’hémisphère Nord. Puis, en 2016, ESPRESSO (Echelle SPectrograph for Rocky Exoplanet and Stable Spectroscopic Observations) sera monté sur le VLT de l’ESO. Il atteindra une précision de vitesse radiale de 0,35 km/h, presque celle que laTerre génère (0,32 km/h) sur le Soleil. ESPRESSO pourra donc découvrir des planètes de masse proche de celle de la Terre dans la zone habitable d'étoiles de faible masse. Ensuite, l'instrument CODEX devrait être installé sur le télescope extrêmement grand européen (E-ELT, lire cette note qui présente ce formidable projet d'un miroir de 42 mètres).
«Dans les dix à vingt prochaines années nous devrions avoir la première liste des planètes potentiellement habitables dans le voisinage du Soleil. Faire une telle liste est indispensable avant que de futures expériences puissent rechercher d'éventuelles signatures spectroscopiques de la vie dans les atmosphères d'exoplanètes», déclare Michel Mayor.
Par Sylvestre Huet, le 13 septembre 2011
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