mardi 5 juillet 2011

Des habitants de Fukushima réclament leur évacuation


Plus de trois mois après la catastrophe, la radioactivité constatée à Fukushima dépasse déjà celle qui avait entraîné l'évacuation de la zone autour de Tchernobyl.


Les habitants de la ville de Fukushima, située à 60 kilomètre de la centrale, s'inquiètent de plus en plus en plus de leurs conditions de sécurité. Selon les dernières mesures réclamées par les résidents, le taux de radioactivité dans le sol a atteint 46.000 bécquerels par kilogramme. Selon les associations de résidents, ce taux dépassent celui qui avait provoqué l'évacuation de la zone de Tchernobyl. Il dépasse en tout cas largement la limite légale au Japon qui a été fixée à 10.000 bq par kg.

Les associations de résidents de Fukushima, qui compte 300.000 habitants, réclament désormais l'évacuation des personnes à risques. Pour les femmes enceintes ou les enfants, ces taux relevés pourraient s'avérer dangereux. Le professeur et spécialiste des radiations Tomoya Yamauchi, qui a mené ces analyses, explique que «la contamination des sols s'étend dans la ville. Les enfants jouent avec la terre, donc avec des substances hautement radioactives. L'évacuation doit être décrétée au plus vite». Dans le cas de Fukushima, c'est la terre qui est contaminée par des retombées radioactives. Les enfants exposés ont déjà été faiblement contaminés : des analyses menées par un laboratoire français de l'Association pour le contrôle de la radioactivité de l'ouest (Acro) sur des enfants de Fukushima a révélé que leur urine contenait du césium 134 et 137.

La semaine dernière déjà, le gouvernement japonais avait étendu la zone d'exclusion autour de la centrale. Une centaine de foyers de la ville de Date, à 60 kilomètres au nord-ouest de la centrale, ont été vidés de leurs habitants. Le problème était ici l'exposition directe aux radiations des habitants à cause des panaches dégagés par la centrale.

La limite de radioactivité qu'un être humain peut supporter sans risque , fixée à 20 millisiverts (mSv) par an, avait été atteinte à Date . Cette dose de radioactivité est la limite choisie par le gouvernement japonais pour décider ou non des évacuations des zones à risques. Selon la Commission internationale de protection radiologique, l'exposition à une dose annuelle de 20 mSv accroît de 0,1% le risque de développer des cancers. Dans des conditions normales, un être humain ne reçoit que 1mSv par an.

L'organisation de la recontruction patine

Peu après la catastrophe, 160.000 habitants avaient été évacués, mais près de la moitié a déjà regagné son domicile. Seules les personnes habitant à 30 kilomètres de la centrale ont eu l'interdiction de retrouver leur maison. Les associations réclament aujourd'hui l'élargissement de cette zone d'exclusion, un problème qui se heurte à la fois au coût d'indemnisation et aux graves problèmes d'organisation qui secouent la reconstruction du Japon.

Le ministre en charge de ces questions a démissionné la semaine dernière, quelques jours seulement après être arrivé à ce poste. Ses propos brutaux envers les victimes du tsunami, déclarant que le gouvernement n'aiderait «que les villes qui avaient des idées, mais pas les autres», ont remis une fois de plus le gouvernement de l'impopulaire Naoto Kan sous le feu des critiques. C'est pourtant ce gouvernement affaibli qui doit reconstruire des centaines de villes dévastées par la catastrophe. Le parlement a déjà voté 51 milliards d'euros pour aider cette reconstruction. Mais les personnes évacuées en raison de l'accident nucléaire ont pour l'instant touché seulement entre 800 et 2.500 euros d'indemnisation, payés par Tepco, l'opérateur de la centrale.

Selon un dernier bilan, le tremblement de terre suivi d'un tsunami le 11 mars dernier a fait 23.000 morts.


Caroline Bruneau

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