Les scientifiques de l'Observatoire d'Edimbourg ont supposé avec optimisme que, si l'on en croit les dernières données sur la composition chimique des étoiles de notre galaxie, la Voie lactée pourrait contenir entre 300 et 38.000 civilisations hautement développées, potentiellement capables d'établir des contacts avec la Terre.
Mais si la génération actuelle ne pourra sans doute assister à une éventuelle poignée de main entre Terriens et extraterrestres, on peut tout de même se réjouir dès aujourd'hui de la quantité de réserves spatiales de minéraux utiles qui sont à découvrir. Mais peut-on sérieusement compter sur ces trésors?
Au début de l'année, des informations sont apparues selon lesquelles la sonde américaine Cassini avait découvert sur Titan, le plus grand satellite de Saturne, des réserves de pétrole et de gaz cent fois supérieures à celles de notre planète. Des clichés effectués par la sonde avaient précédemment confirmé que les conditions sur Titan étaient bien proches de celles de la Terre: il y pleut, et il y neige parfois. Il n'y a donc rien d'étonnant dans la découverte faite par Cassini, pourrait-on penser. Au passage, cette information aidera les scientifiques à expliquer l'origine de la vie sur Terre.
Mais revenons au pétrole de Titan. Dans le contexte de la crise énergétique croissante, les sources d'énergie extraterrestres pourraient, selon de nombreux chercheurs et spécialistes, assurer aux humains une alimentation en chaleur et en énergie pour les siècles à venir.
Les réserves d'hydrocarbures contenues rien que dans 15 grands lacs découverts sur Titan suffiraient pour chauffer, éclairer et climatiser toutes les maisons américaines pendant plusieurs centaines d'années. Rien que les dunes géantes qui couvrent 20% de la surface de Titan recèlent des quantités d'hydrocarbures dépassant de quelques centaines de fois les réserves totales de charbon sur Terre.
Mars pourrait elle aussi faire le bonheur des Terriens. Des régions avec une concentration élevée de méthane y ont été découvertes. Les Américains ont programmé le départ d'une nouvelle sonde martienne pour l'automne prochain. L'appareil devra atterrir sur Mars dans une région supposée à forte concentration en méthane afin d'étudier les réserves et l'origine de ce gaz sur la Planète rouge.
Mais doit-on se faire des illusions sur ces perspectives extraterrestres d'améliorer notre présent énergétique? Sans doute non.
Tout d'abord, on ne sait pas encore très bien quelle sorte de pétrole on peut trouver sur Titan, car les scientifiques américains ne sont certains que de la présence d'éthane dans l'un des lacs du satellite de Saturne. Rappelons que, sous forme liquide, l'éthane est une composante du pétrole.
Du point de vue technique, un vol habité vers Titan ne semble aujourd'hui pas plus réaliste qu'une expédition, par exemple, vers Alpha Centauri. Mais même le plus optimiste des auteurs de romans d'anticipation ne se risquerait pas à prédire la date à laquelle on pourra y entamer des travaux d'analyse des sols, alors que les températures à la surface y atteignent -180°C.
Aurons-nous besoin du pétrole dans cent ans ou plus, lorsque les expéditions dans l'espace lointain seront monnaie courante? Car étant donné le développement extrêmement rapide des programmes de mise au point de combustibles alternatifs, les hydrocarbures pourraient être remplacés à l'avenir, par exemple, par le maïs ou d'autres céréales. Autrement dit, cela ne vaut pas la peine de parler aujourd'hui de l'importance du pétrole spatial pour les Terriens.
Dans ce contexte, on pourrait se rappeler le projet d'extraction d'hélium 3 sur la Lune, qui a fait grand bruit ces derniers temps. Cet isotope rare, selon de nombreux scientifiques russes, est la raison principale qui pousse à coloniser le satellite de la Terre. L'hélium 3 est un isotope indispensable pour assurer une fusion nucléaire contrôlée, qu'on cherche vainement à organiser sur Terre depuis des dizaines d'années. On estime que les immenses réserves lunaires d'hélium permettront de réaliser une révolution énergétique et de résoudre une fois pour toutes le problème du combustible à l'échelle mondiale.
Théoriquement, il en est ainsi. Cependant, il serait sans doute déraisonnable de réorienter aujourd'hui les recherches lunaires vers l'extraction de ressources du sous-sol. Le fait est que l'analyse des échantillons de sols acheminés sur Terre par les sondes soviétiques Luna et les vaisseaux américains Apollo a révélé une quantité élevée d'hélium, par rapport aux sols de la Terre, à savoir 0,01 gramme par tonne. Mais il n'y a aucun lac d'hélium sur la Lune, cet élément étant réparti plus ou moins régulièrement sur toute sa surface.
Imaginons que la fusion thermonucléaire soit déjà réalisée, le besoin annuel de la planète en hélium serait alors d'environ 100 tonnes. Un chiffre minime: un tel besoin pourrait être satisfait au moyen de seulement quelques vols de navettes spatiales modernes. Mais pour ce faire, il faudrait transformer un milliard de tonnes de sol lunaire dans des conditions différant de celles de la Terre. En outre, avant de vivre cette "révolution énergétique", il faudra encore attendre des dizaines d'années et dépenser des milliards de dollars.
Il n'est donc pas raisonnable de compter aujourd'hui sur les réserves spatiales lointaines de matières énergétiques. Ce sera à nos descendants de décider s'ils ont besoin "d'orpailleurs" lunaires ou martiens.
Andreï Kisliakov
28/10/08
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