Une découverte relativement récente dans un fortin israélite bâti au cours du VIIIe siècle avant J.-C., dans un coin reculé du nord de la péninsule du Sinaï, vient illustrer vivement cette tentation, pour la première fois. En effet, dans les salles d’entrée de ce fortin de Kuntillet Ajrud, on découvrit de gros fragments de jarres couverts de dessins nombreux et variés et souvent accompagnés d’inscriptions, dont la provenance ne fait aucun doute : la forme des lettres et la mention fréquente de « Yahvé » nous forcent à les attribuer à un groupe d’Israélites établis dans ce poste frontière de Juda, pour protéger le pays contre des incursions égyptiennes ou édomites.
Deux de ces inscriptions sur jarre sont des formules de bénédictions, aux noms de « Yahvé et son Ashérah »! D’autres inscriptions sur des fragments de plâtre ayant recouvert les murs des salles mentionnent aussi Ba’al et El avec le même Yahvé. Mais comment comprendre la première formule : « Yahvé et son Ashérah »?
Suite aux diverses mentions d’Ashérah dans l’Ancien Testament, nous devons voir en ce terme tantôt le nom personnel de la déesse (ainsi Jg 3,7; 1 R 15,13; 18,19; 2 R 21,7; etc.), tantôt un objet qui lui est intimement associé, qui n’est jamais décrit, mais que l’on imagine ressembler à un pieu équarri; en effet il est fait de bois (Jg 6,26), puis planté (Dt 16,21); il peut être brûlé (Dt 12,3), ou abattu (Dt 7,5).
Guy Couturier CSC
Professeur émérite de l'université de Montréal Source : Parabole vii/6 (1985).
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