vendredi 9 août 2013

GJ 504b, une exoplanète rose découverte à 57 années-lumière de la Terre


En utilisant le télescope Subaru installé à Hawaï, des astronomes ont observé une planète géante rose et orbitant autour d’une étoile appelée GJ 504. Ce nouveau monde est la planète la plus légère jamais observée autour d’un astre semblable à notre Soleil.

Une planète géante colorée d’un étrange dégradé de rose. C’est ce qu’une équipe internationale d’astronomes a découvert et photographié grâce au télescope Subaru installé à Hawaï. D’après les informations divulguées, la nouvelle exoplanète se trouverait à 57 années-lumière de la Terre, dans la constellation de la Vierge. Là, elle orbiterait autour d’une étoile appelée GJ 504, assez lumineuse mais un peu moins chaude que le Soleil.

Le système stellaire aurait approximativement 160 millions d’années, estiment les astronomes. Mais là n’est pas l’aspect le plus remarquable de la découverte. D’après l’équipe, la planète GJ 504b serait l’exoplanète la plus légère jamais détectée autour d’une étoile semblable à notre Soleil. En effet, le corps est environ quatre fois plus massif que Jupiter (qui équivaut déjà à plus de 317 fois la masse de la Terre). Mais sa couleur a aussi de quoi étonner.

« Si nous pouvions voyager jusqu’à cette planète géante, nous pourrions voir un monde brillant encore de la chaleur issue de sa formation, avec une couleur rappelant des fleurs de cerisier foncées, un magenta sans éclat », a expliqué Michael McElwain, membre de l’équipe de découvert du Goddard Space Flight Center. Néanmoins, « notre caméra observant dans le proche infrarouge révèle que sa couleur est bien plus bleue que d’autres planètes photographiées, ce qui pourrait indiquer que son atmosphère possède moins de nuages ».

Une planète qui défie la théorie

D’après la description à paraitre dans la revue Astrophysical Journal, GJ 504b orbite assez loin de son étoile, à une distance équivalant à environ 44 fois celle qui sépare la Terre du Soleil. Elle est donc très loin de sa zone habitable mais les températures à sa surface atteignent tout de même 230°C, estiment les chercheurs. Or, ceci pose quelques questions vis-à-vis du modèle communément admis concernant la formation des planètes géantes.

En effet, selon la théorie la plus largement admise, appelée modèle d’accrétion de coeur, les planètes comme Jupiter ont commencé leur existence sous la forme d’un disque de débris riche en gaz entourant une jeune étoile. Puis un coeur s’est formé par l’intermédiaire de collisions entre des comètes et des astéroïdes qui ont fourni une « graine ». Lorsque le coeur a atteint une masse suffisante, sa force gravitationnelle a alors attiré rapidement les gaz du disque pour former la planète.

Ce modèle fonctionne pour les planètes se trouvant à des distances relativement réduites de leur étoile. Néanmoins, la chose est plus problématique pour les mondes se trouvant plus loin de leur astre tel que GJ 504b. Elle « figure parmi les planètes les plus difficiles à expliquer dans le cadre traditionnel de la formation des planètes », a expliqué Markus Janson, de l’Université de Princeton. Ceci suggère « que nous avons besoin de considérer sérieusement des théories de formation alternatives, ou peut-être de réévaluer quelques unes des hypothèses basiques de la théorie d’accrétion du coeur ».

Une technique d’observation délicate

La découverte de GJ 504b fait partie d’un projet plus vaste appelé Strategic Explorations of Exoplanets and Disks with Subaru (SEEDS) et visant à observer directement des planètes extrasolaires et des disques protoplanétaires autour de plusieurs centaines d’étoiles proches en utilisant le télescope Subaru. L’imagerie directe est une des techniques les plus importantes pour observer les planètes mais c’est aussi une des plus délicates.

« L’observation directe fournit des informations sur la luminosité, la température, l’atmosphère et l’orbite de la planète, mais les planètes sont tellement pâles et proches de leurs étoiles hôtes que c’est comme essayer de prendre une photo d’une luciole à côté d’un projecteur », a relevé Masayuki Kuzuhara, du Tokyo Institute of Technology cité dans un communiqué de la NASA. Les systèmes de jeunes étoiles sont les meilleures cibles pour l’imagerie directe car leurs planètes n’existent pas depuis assez longtemps pour avoir perdu la plupart de la chaleur émise lors de leur formation.

Cette chaleur augmente donc leur luminosité à l’observation infrarouge. « Notre Soleil se trouve environ à la moitié de sa vie de production d’énergie, mais GJ 504 b n’en est qu’au tiers de son âge », a relevé McElwain avant de conclure : « étudier ces systèmes c’est un peu comme voir notre système planétaire dans sa jeunesse ».

(crédits photo : NASA’s Goddard Space Flight Center/S.Wiessinger)

Source :  maxiscience

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