mardi 12 juillet 2011

Baleines, algues, moules : océan radioactif au large de Fukushima


Quatre mois après le séisme et le tsunamiqui ont ravagé les côtes nord-est du Japon, la centrale nucléaire de Fukushima, détruite, vomit encore chaque jour d'importantes quantités de radioactivité dans l'environnement.
A cause des tonnes d'eau déversées lors d'une improvisation de la dernière chance pour refroidir les réacteurs blessés, c'est l'océan tout proche qui a surtout récupéré les radioéléments.
Si des tentatives de Tepco et d'Areva sont encore en cours pour limiter les rejets et colmater les fuites, la centrale ne peut pas être étanche. Or, il faut continuer à refroidir les cœurs et le combustible usé. Alors de l'eau radioactive s'écoule toujours en mer. Personne n'y peut rien.

Dilution des rejets toxiques… et concentration

Bien sûr, les courants transportent et diluent les rejets toxiques dans l'immensité de l'océan, mais il faut compter avec la vie qui a une tendance naturelle à lutter contre l'entropie… Sur la côte justement, il y a de la vie : des algues, des moules, des poissons, des mammifères marins, participant tous à une chaîne alimentaire complexe.
Chacun de ces organismes, à son niveau, capte et retient les particules présentes dans l'eau et se nourrit de l'étage inférieur. De proies en prédateurs, il y a concentration des éléments radioactifs.
Plus ils sont hauts dans la chaîne, plus ils risquent d'être contaminés. Outre les filtreurs, comme les moules, qui par définition vont retenir tous les polluants, les poissons carnivores, prédateurs, comme les thons ou les requins, sont particulièrement vulnérables.
Or, ce sont des prises et des mets de choix pour les populations humaines…

Une faune et une flore radioactives

Pour l'instant, en plus des détections directes d'iode 131, de césium 134 et de césium 137 dans l'eau de mer à 40 kilomètres de la centrale, ce sont les algues qui inquiètent : comme les champignons sur la terre ferme, les algues concentrent fortement les radioéléments. Et les grands mammifères marins avalent quotidiennement des tonnes de petits organismes qui se nourrissent de ces algues…
Mi-juin, dix-sept baleines ont été abattues au large d'Hokkaido dans le cadre du « programme de recherche » japonais sur les cétacés – une couverture pour de la chasse commerciale. Après analyse de six d'entre elles, deux se sont révélées contaminées au césium. Le gouvernement a interdit la pêche autour de la centrale. Les autorités et les responsables des pêcheries effectuent des contrôles du niveau d'irradiation de la pêche le long de la côte.
Alors que se tient ces jours-ci la 63e commission baleinière internationale, on peut ironiquement noter que pour une fois, les fameux prélèvements scientifiques de baleines du programme de recherche japonais auront servi à quelque chose…
En partenariat avec Futura-Environnement
Sophie Verney-Caillat

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